• # Un nouveau vent sur le phénomène Eveil

    par Suyin Lamour (FB)

    " Un nouveau vent souffle sur le phénomène nommé « éveil ».

    Cela me met en joie, et j'ai envie d'appuyer et de soutenir ce mouvement.
    J'ai cessé de partager ces deux dernières années sur les réseaux sociaux car je ne pouvais plus adhérer à une certaine mystification. Et je ne savais pas comment en parler autrement – ou tout simplement je n'osais pas.
    J'en parlais cependant dans mes stages et j'entendais souvent : « merci, on a tellement besoin d'entendre ça ! »
    La plupart des enseignements sur l'éveil se sont appuyés jusqu'à aujourd'hui sur l'advaïta, la tradition indienne de la non-dualité, dans la lignée de Ramana Maharshi, Nisargadatta, Krishnamurti... Qui donnent l'idée d'un état à atteindre, d'un établissement dans une équanimité absolue, un vécu impersonnel constant... Plus d'ego, plus de mental, plus d'émotions, plus de personnage...
    Imprégnée de ces enseignements, j'ai cru moi aussi que c'était ça, l'éveil. Quand la Réalisation du Soi s'est produite, j'ai en effet goûté ce plan impersonnel pendant quelque temps. J'avoue, c'est top... Cependant...
    Le « petit moi » est revenu. Il y a eu lutte, effort pour s'en extraire, revenir au Soi, décoller la conscience... Allers-retours épuisants et déconcertants... Incompréhension...
    La lutte a pris fin quand il a été vu, depuis le Soi, que le désir de « demeurer en tant que le Soi » ne venait pas du Soi, mais du mental. C'était la garantie de ne plus jamais souffrir, c'était le Paradis, le refuge suprême.
    Cependant, depuis le Soi, vivre "en tant que personnage" n'était absolument pas vu comme un problème ou une erreur ou un truc à dépasser ou à transcender ! C'était au contraire voulu, et aimé ! Le désir de l'équanimité absolue n'est pas le désir du Soi, mais celui d'une part du mental qui refuse l'inconfort émotionnel, qui refuse l'incarnation en somme. Ce qui est bien compréhensible... Mais qui est aussi un refus de la vie...
    Alors depuis le Soi j'ai pris grand soin de cette part. Je l'ai remerciée, reconnue, réconfortée, rassurée. Ça a pris encore un peu de temps, mais peu à peu cette part a accepté le jeu du je, a accepté de s'incarner, de vivre pleinement la dimension humaine. Avec désormais le regard bienveillant du Soi, avec plus de détachement, avec une paix profonde et soutenante, un « fond sécure », et la joie de l'expérience.
    Nous ne sommes pas des indiens. Nous n'avons pas du tout le même rapport à l'individualité que les indiens, nous ne pouvons donc pas vivre l'éveil de la même manière qu'eux.
    Selon moi, l'éveil à l'occidentale est un éveil inclusif.
    Oui, après la Réalisation, il peut encore y avoir des émotions, du mental, des réactions, des opinions, les conditionnements du personnage, un sens d'individualité, de la douleur (physique ou psychique), de l'inconfort, du refus... La différence avec avant, pour ma part, c'est que c'est accepté. Le sentiment d'être victime a disparu, il n'y a plus de dissociation entre « la vie » et « moi ».
    Je crois qu'il y a souvent une confusion de plans. Sur le plan de l'Etre, du Soi, tout est accompli, complet, parfait, c'est un plan hors du monde, vierge de tout système de croyances et de concepts... Le véhicule humain, quant à lui, est complètement conditionné. On ne peut pas demander à une grenouille de voler... Il y a comme une « tyrannie de l'éveil » qui consiste à s'acharner sur cette pauvre grenouille pour qu'elle se transforme en colombe – à défaut de prince charmant - ou pire, qu'elle disparaisse.
    Alors, avec ce nouveau vent qui souffle, j'ai envie de dire : « libérons les grenouilles ! » "
     

    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    1
    Lundi 25 Mars à 08:56

    commentaire de Marion Renault sur FB suite à l'article de Suyin : "Humainement divin, c'est magnifique, là est la beauté,  je suis en syntonie avec ce que tu dis chère Suyin, gratitude  . Et simultanément j'entends bien la même chose dans les écrits des grands sages tels que Ramana Maharshi, Nisargadatta, Ma Anandamoyi et c'est la raison pour laquelle ils parlent tous de l'éveil comme de "l'entrée dans le courant". La beauté de leurs paroles résident dans l'absence d'un "faire dans le temps" et dans l'intégration de toutes les parts humaines de chacun comme étant déjà parfaites, et ce toujours dans l'instant. Le Soi, l'amour étant simultanément l'accompli et le non accompli sans distinction. Je t'embrasse avec tout mon amour"

    2
    Mardi 26 Mars à 16:39

    commentaire FB de Suyin suite de Son article d'hier ci-haut :

    "Je souhaite apporter un petit complément à mon post d'hier dont je suis encore sidérée de l'impact qu'il a eu. J'ai eu aussi quelques échos qu'il déclenchait des débats dans certains groupes de discussion.
    Certains enseignements font une différence entre l'éveil ou « l'entrée dans le courant » qui est un processus progressif, et la Réalisation du Soi qui est décrite comme irréversible.
    C'est bien de la Réalisation du Soi dont je parle dans mon texte d'hier.
    Même si là encore je pense qu'il ne faut pas croire que ça doit se passer forcément de cette manière, je reconnais en effet dans mon parcours ces deux phases. Une première phase d'éveil vécue en 2001 suite à un Samadhi au cours duquel j'ai réalisé que je n'étais pas le personnage Suyin inscrit dans la temporalité avec une naissance et une mort, mais la Conscience universelle et a-temporelle. Révélation qui s'est suivie de 13 années de « lessive » durant lesquelles je vivais des allers-retours entre le Soi et l'ego et qui étaient vécus douloureusement, chaque retour dans le personnage étant considéré comme un échec. Car il y avait encore la croyance que c'est le personnage, l'individu séparé, l'ego, qui s'éveille ou qui doit disparaître... (Autant demander au système de survie d'accepter de mourir : mission impossible - soit dit en passant !)
    En 2014 s'est produite la Réalisation du Soi, c'est à dire la révélation qu'il n'y a pas d'un côté le Soi et de l'autre le « petit moi », qu'il n'y a pas d'individu séparé au contrôle de sa vie et qu'il n'y en a jamais eu, que c'est une seule et même conscience qui dans son essence est impersonnelle, sans « identité »... et donc que ce n'est pas ce supposé individu séparé qui s'éveille.
    Ça a été un énorme scoop : 13 années à lutter contre l'ego pour réaliser qu'il n'y a jamais eu de séparation entre l'ego et le Soi ! Il n'y a toujours eu que le Soi, ça a toujours été Moi-Conscience !!!
    J'ai écrit dans mon livre La Joie d'être : « L'ego c'est de la conscience qui se prend pour quelqu'un ».
    S'en est suivie une période de vécu depuis l'impersonnel, c'est à dire sans sens d'individualité. Puis ce sens d'individualité a repointé son nez et c'est là qu'il y a eu à nouveau des allers-retours et de l'incompréhension. L'incompréhension venait de la croyance que le vécu impersonnel aurait dû être irréversible. Jusqu'à ce qu'il soit vu, depuis l'impersonnel, que le retour dans le personnage était voulu et aimé et que c'était une part du mental qui aspirait à vivre cet état impersonnel de manière constante pour ne plus être affecté par rien.
    Donc la précision que j'aimerais apporter à mon témoignage, là où je constate qu'il y a une confusion, de par mon expérience et également à travers les témoignages de nombreuses personnes que j'ai accompagnées, le mythe que je pointe, c'est que l'aspect irréversible de la Réalisation du Soi n'est pas celui d'un vécu impersonnel. Ce qui est irréversible c'est l'évidence qu'il n'y a que le Soi, que cela se vive de manière « personnelle » ou « impersonnelle ». Le sens d'individualité est vécu comme « le Soi jouant à s'identifier ». (Et je parle bien d'un vécu et non d'une compréhension intellectuelle). C'est très différent du vécu « je suis un individu séparé qui a reconnu sa véritable nature » comme je l'ai vécu pendant les 13 années précédent la Réalisation. Le vécu intérieur est différent, cependant de l'extérieur cela peut ne donner aucune différence, cela ne fait pas de celui/celle qui le vit un être sage, équanime, détaché, etc... Même si de manière générale tout ce qui est du domaine de l'affect prend beaucoup moins de densité car il n'y a pas ou très peu de saisie sur les phénomènes, les émotions ne faisant qu'émerger et se dissoudre naturellement - sauf quand des mémoires traumatiques sont activées, ce qui peut encore arriver.
    Les réflexions que je faisais hier au sujet des enseignements venant de l'Inde ne visaient pas à les
    critiquer et j'ai un profond respect pour eux. Je disais juste qu'en tant qu'Occidentaux, notre sens d'individualité est peut-être beaucoup plus dense que celui des Orientaux et que la Réalisation du Soi vécue ici en est forcément différente. Elle inclut cette expérience d'individualité au lieu de l'exclure. Et vouloir calquer le modèle indien ici revient à créer de la confusion chez ceux qui vivent la Réalisation d'une manière différente.
    Un jour, il y a environ 5 ans, un homme qui avait réalisé le Soi et qui malgré cela arborait son ego sans complexe m'avait dit "J'en ai rien à foutre de l'éveil ! A partir du moment où tu sais qu'en réalité il n'y a jamais eu non-éveil, tu vis ta vie d'individu avec ton ego et tu t'en fous !"
    Je l'avais envié ! Il était beaucoup plus libre que moi qui était encore attachée à la croyance que le vécu impersonnel devait s'installer définitivement... J'avais ressenti ces propos un tantinet provocateurs comme l'un des plus grands enseignements que j'ai reçus, et les lignes ont commencé à bouger en moi..." 
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :