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    trouvé sur FB :
    "Poser une question est ce qu’il y a de plus éminemment actif. Cela veut dire que l’on se situe dans l’humilité. L’humilité est ce qu’il y a de plus actif. La personne qui pose une question admet un « je ne sais pas », donc elle est disponible. Elle n’affirme plus, elle n’a pas la prétention de savoir. Quand on sait, on ne pose pas de question. Quand on pose une question, c’est que l’on écoute ; on écoute la question jaillir ; dans cette écoute, la réponse jaillit. La question et la réponse ont exactement la même origine, ces deux formulations véhiculent la même chose : l’écoute dans laquelle toutes deux jaillissent. Poser une question est ce qu’il y a de plus profond, à condition de ne pas chercher une réponse, sinon on se situe encore dans le projet.
    Je pose une question, librement, parce que c’est ma résonance. Je sens un conflit dans ma vie et j’exprime ce conflit sans l’orgueil de vouloir le résoudre. Je constate qu’il y a un conflit, clairement. Cela suffit, tout est là. La solution est dans cette soumission à la réalité, à ce qui est là maintenant.
    De ce « je ne sais pas », toute action, toute initiative va jaillir. C’est une initiative, une action qui vient de l’écoute de ce qui est là ; ce n’est pas une action qui veut « changer ».Je sens une restriction dans ma vie et je l’exprime, j’écoute en moi cette restriction. C’est l’écoute de la solution. La réponse est une vibration au même niveau que la question, vibration qui se réfère à ce qui est au-delà de l’une comme de l’autre. Il n’y a pas de réponse à suivre, pas plus qu’à écouter. Il y une résonance, qui est l’humilité dans laquelle la question est posée. Là est la réponse. La réponse est avant la question. C’est parce que l’on pressent la réponse que l’on peut poser la question. Parce qu’il y a cette humilité, qui constitue la suprême activité… Mais il faut une certaine maturité pour comprendre cela.
    Éric Baret"

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    "Q : Je suis dans une phase où je me sens bloqué dans ma vie, j'ai des choses à mettre en action au niveau professionnel mais au lieu de faire ces choses, je me distrais, je regarde des séries, je joue à des jeux qui m'occupent l'esprit et j'arrive pas à être à l'écoute de ce qui se passe...
    Éric Baret : Vous devez accepter votre vie. Et votre vie n'est pas un accident à corriger. Ce qui se passe en ce moment pour vous n'est pas quelque chose que vous devez rétablir, ce n'est pas une erreur, ce n'est pas un ajournement. Non. C'est ce qui s'impose actuellement. Vous allez être condamné tôt ou tard à faire corps avec cette évidence parce que vous n'avez rien d'autre que ça à votre disposition. La vie qui vous est donnée dans l'instant, c'est la vie essentielle, il n'y en a pas d'autres.
    Par imaginaire on pense que "ma vie devrait être autrement, je devrais être plus spirituel, je devrais être plus actif, je devrais, je devrais, je devrais..." Non. Vous ne devriez rien du tout. Par contre, vous pouvez être de plus en plus intime avec ce qui se passe, mais ce n'est pas une intimité stratégique en disant "je vais découvrir"... il n'y a rien à découvrir. C'est ça qu'il y a à découvrir et ça vient de l'écoute.
    Et quand vous dites que vous n'arrivez pas à écouter, c'est ça l'écoute ! N'entrez pas dans l'imaginaire comme tous ces gens qui pensent qu'ils vivent dans l'écoute. Non, quand je pense écouter, je n'écoute pas, je pense. L'écoute est sans pensée.
    Quand je me rends compte que je n'écoute pas, ça c'est un moment d'écoute. Je reviens toujours à l'exemple que j'ai souvent donné dans nos entretiens : on ne peut pas être humble. Quand je vois mon arrogance, c'est un moment d'humilité. Et quand je veux être humble, c'est de l'arrogance. Donc, c'est une non-appropriation.
    Alors, quand vous dites : "j'arrive pas à écouter", c'est super ! C'est cette écoute qu'on vous demande ; d'être de plus en plus intime avec le fait que "des fois j'arrive pas à écouter". C'est parfait comme ça. Écoutez cette non-écoute. Il n'y a aucun problème avec les séries, il n'y a aucun problème avec la vie, il n'y a pas de vies plus justes que d'autres. La méditation, le yoga, lire Maharaj n'est pas plus profond que d'écouter une série. Cest la vie qui s'exprime comme ça.
    Donc un moment donné, je dois accepter finalement que je n'ai aucun contrôle sur ma vie. Je n'en ai aucun ! Alors qu'est-ce qui reste ? Il reste une intimité, une intensité qui va se faire et dans cette intensité, quand je ne cherche plus à créer une vie selon mon propre imaginaire, il y a quelque chose qui va se prendre en charge je dirais naturellement. Dans lequel les séries ont leur place, dans lequel la stratégie a sa place aussi, mais ce n'est plus une stratégie vers quelque chose, c'est une stratégie parce que la vie est fonctionnelle et vous avez des capacités, des talents, et ces choses-là doivent s'exprimer dans le temps. C'est une stratégie qui n'attend rien, qui est purement fonctionnelle, elle n'anticipe pas quelque chose. Donc, tous vos talents, toutes vos capacités se révèlent dans cette écoute.
    Dans cette écoute, voir que vous n'écoutez pas.
    C'est uniquement quand vous comprenez vraiment cela géométriquement — que l'écoute est simplement de se rendre compte que je n'écoute pas — que quelque chose va bouger. Mais tant que j'essaie d'écouter, tant que j'oppose la non-écoute, il y aura toujours un apparent combat. Parce que l'écoute n'est pas quelque chose d'objectif. Comme pour la méditation, on ne peut pas dire "je médite", on dit je médite mais on ne médite pas, on pense. Quand on dit "j'écoute", on pense.
    Donc, l'écoute n'est pas quelque chose dont je peux m'emparer. Cela doit rester comme un parfum que vous sentez mais vous ne savez pas d'où ça vient. Vous savez qu'il est là mais vous ne savez pas comment vous le savez. Donc, soyez de plus en plus intime avec ces moments de non-écoute et voyez combien on stimule ces moments par notre jugement. Chaque fois que j'écoute une série et que je me dis "je ne devrais pas écouter une série", je remonte le réveil. Chaque fois que je fais ça et que je me dis "je ne devrais pas faire ça", je remonte le réveil. Chaque fois que je me dis "je devrais faire ça" et que je ne le fais pas, je remonte le réveil.
    Ce qui rend difficile parfois l'action, c'est constamment notre opinion qu'on devrait, on devrait, on devrait... Non, on ne devrait rien du tout. Parce qu'il n'y a rien dans la vie qui m'est personnel. Et que demain matin vous vous leviez et fassiez un projet extraordinaire pour l'enseignement, ou qu'à neuf heures du matin vous commenciez à regarder une série : c'est déjà organisé. Arrêtez de prétendre avoir la moindre mainmise là-dessus. Tout va bien et ce n'est pas une erreur, celui qui organise ça ne se trompe pas.
    Donc, un moment donné, il y a un espèce de lâcher-prise de sa vie, un lâcher-prise de l'imaginaire que "ma vie pourrait être autrement, devrait être autrement"... Non, elle ne pourrait pas, sinon elle le serait. Et quand j'accepte que ma vie est exactement comme elle peut être et comme elle doit être, là, éventuellement, parfois, quelque chose change. Parce que ce que j'appelle "ma vie" est généralement une réaction contre quelque chose pour quelque chose.
    Quand je n'écoute jamais, je suis toujours en train d'affirmer des choses, j'ai un imaginaire et j'essaie de créer une vie en fonction de cet imaginaire. C'est l'imaginaire qui doit quitter, et qui va quitter naturellement. À ce moment-là, vos capacités vont porter à s'exprimer, vont vous porter à enseigner, à transmettre, mais la stratégie va se faire par évidence et pas par une décision. La décision viendra par l'évidence. Mais il faut qu'il y ait d'abord l'évidence, ensuite ça va se concrétiser.
    Ne luttez pas contre ce qui semble être une dispersion parce que c'en est pas une. Vous n'avez pas encore fait ça : c'était pas le moment. Voilà, ça s'arrête là. Et vous ferez ce que vous devez faire au bon moment, parce qu'il n'y en a pas d'autres. C'est difficile pour la personne, parce qu'on a tous le fantasme qu'on devrait... on devrait... on devrait... On devrait surtout se taire et voir comment les choses fonctionnent.
    ~ Éric Baret
    (extrait d'une vidéo)"

     


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  • par Suyin Lamour sur FB :
    "Vouloir atteindre un état stable, être "installé" ou "établi" ou "demeurer en tant que..." c'est se figer, à supposer même que ce soit possible.
    Mon expérience me montre que la Conscience s'expérimente à travers de multiples états, de la vacuité non consciente d'elle-même à la plus dense identification, en passant par une infinité de plans et de niveaux entre les deux. La seule chose à réaliser c'est qu'il n'y a que la Conscience, à tous les étages, dans tous ses états, sous toutes ses formes (Moi, Soi, non-soi, absolu, relatif, ego, âme, matière, émotions, mental, énergie, totalité et singularité, observateur et observé, sujet et objet...).
    Pour moi c'est ça la liberté, vivre librement la danse de la Conscience avec elle-même sans se figer dans une forme supposée être "la bonne" !
    C'est ça qui respire, qui vibre, qui célèbre l'infini Mystère que nous sommes 
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  • par Suyin Lamour (FB)

    " Un nouveau vent souffle sur le phénomène nommé « éveil ».

    Cela me met en joie, et j'ai envie d'appuyer et de soutenir ce mouvement.
    J'ai cessé de partager ces deux dernières années sur les réseaux sociaux car je ne pouvais plus adhérer à une certaine mystification. Et je ne savais pas comment en parler autrement – ou tout simplement je n'osais pas.
    J'en parlais cependant dans mes stages et j'entendais souvent : « merci, on a tellement besoin d'entendre ça ! »
    La plupart des enseignements sur l'éveil se sont appuyés jusqu'à aujourd'hui sur l'advaïta, la tradition indienne de la non-dualité, dans la lignée de Ramana Maharshi, Nisargadatta, Krishnamurti... Qui donnent l'idée d'un état à atteindre, d'un établissement dans une équanimité absolue, un vécu impersonnel constant... Plus d'ego, plus de mental, plus d'émotions, plus de personnage...
    Imprégnée de ces enseignements, j'ai cru moi aussi que c'était ça, l'éveil. Quand la Réalisation du Soi s'est produite, j'ai en effet goûté ce plan impersonnel pendant quelque temps. J'avoue, c'est top... Cependant...
    Le « petit moi » est revenu. Il y a eu lutte, effort pour s'en extraire, revenir au Soi, décoller la conscience... Allers-retours épuisants et déconcertants... Incompréhension...
    La lutte a pris fin quand il a été vu, depuis le Soi, que le désir de « demeurer en tant que le Soi » ne venait pas du Soi, mais du mental. C'était la garantie de ne plus jamais souffrir, c'était le Paradis, le refuge suprême.
    Cependant, depuis le Soi, vivre "en tant que personnage" n'était absolument pas vu comme un problème ou une erreur ou un truc à dépasser ou à transcender ! C'était au contraire voulu, et aimé ! Le désir de l'équanimité absolue n'est pas le désir du Soi, mais celui d'une part du mental qui refuse l'inconfort émotionnel, qui refuse l'incarnation en somme. Ce qui est bien compréhensible... Mais qui est aussi un refus de la vie...
    Alors depuis le Soi j'ai pris grand soin de cette part. Je l'ai remerciée, reconnue, réconfortée, rassurée. Ça a pris encore un peu de temps, mais peu à peu cette part a accepté le jeu du je, a accepté de s'incarner, de vivre pleinement la dimension humaine. Avec désormais le regard bienveillant du Soi, avec plus de détachement, avec une paix profonde et soutenante, un « fond sécure », et la joie de l'expérience.
    Nous ne sommes pas des indiens. Nous n'avons pas du tout le même rapport à l'individualité que les indiens, nous ne pouvons donc pas vivre l'éveil de la même manière qu'eux.
    Selon moi, l'éveil à l'occidentale est un éveil inclusif.
    Oui, après la Réalisation, il peut encore y avoir des émotions, du mental, des réactions, des opinions, les conditionnements du personnage, un sens d'individualité, de la douleur (physique ou psychique), de l'inconfort, du refus... La différence avec avant, pour ma part, c'est que c'est accepté. Le sentiment d'être victime a disparu, il n'y a plus de dissociation entre « la vie » et « moi ».
    Je crois qu'il y a souvent une confusion de plans. Sur le plan de l'Etre, du Soi, tout est accompli, complet, parfait, c'est un plan hors du monde, vierge de tout système de croyances et de concepts... Le véhicule humain, quant à lui, est complètement conditionné. On ne peut pas demander à une grenouille de voler... Il y a comme une « tyrannie de l'éveil » qui consiste à s'acharner sur cette pauvre grenouille pour qu'elle se transforme en colombe – à défaut de prince charmant - ou pire, qu'elle disparaisse.
    Alors, avec ce nouveau vent qui souffle, j'ai envie de dire : « libérons les grenouilles ! » "
     

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  • Traduction d'un article allemand d'un entretien avec Nathalie Delay:

    "Nathalie Delay est dans la tradition du tantra-yoga cachemirien non-duel et encourage ses élèves dans un contact venant directement du cœur vers un "je ne sais pas" courageux. Dans cet entretien elle parle de la peur en tant que porte vers l'amour, de l'intimité du ressenti véritable et de l'infinité de la reconnaissance."
    L'entretien est paru dans l'édition 2/2017 de "yoga aktuell".
    "On nomme Nathalie Delay 'Maître du silence'. Elle enseigne surtout à travers sa présence, qui est en mesure de guider ses élèves vers un silence intérieur plus profond. La française compte parmi les êtres réalisés et elle a été initiée dans la tradition millénaire du shivaïsme du Cachemire. Daniel Odier et Eric Baret comptent parmi ses maitres. Les enseignements des tantras n'apparaissent pas dans les retraites et séminaires de Nathalie Delay de façon explicite. A travers une pratique de yoga très simple, presque poétique, et exercée en pleine présence, Nathalie Delay mène ses élèves directement vers l'essence – de façon simple, claire et sans une quelconque idéologie.
    Dans l'entretien, Nathalie Delay parle de la totalité de l'amour, de rencontres véritables avec la peur et de l'art en tant que portail vers l'Absolue."
    - Nathalie, dans ton enseignement tu incites, à ne rien vouloir atteindre, mais d'explorer sans commentaire intérieur et s'abandonner à ce qu'il y a dans le moment. C'est une pratique de yoga très minimaliste et subtile, mais en même temps intensive. Comment s'est crée ton accès au yoga ?
    - Pendant 30 ans d'expérience personnelle, non seulement j'ai pratiqué le yoga classique, mais aussi le Tai Chi, Qi Gong et Feldenkreis. J'ai découvert, qu'il s'agissait dans toutes ses voies essentiellement de pratique de mouvements en pleine présence, et non de résultat. Il s'agit de mouvements qui sont portés par la conscience. La pratique classique nous attire souvent vers le piège de voir uniquement l'aspect formel, de le suivre. Même la plus belle tradition séduit vers l'attachement à la forme extérieure. Ce que j'essaye d'enseigner, ce n'est pas de trouver l'accès à la forme, mais à la qualité de l'essence, de la présence, de l'être. C'est pourquoi j'insiste pour que nous ne délivrions pas de performance. Je n'enseigne aucune technique, mais je souhaite transmettre l'art de rencontrer la réalité du corps. Je parle de l'art, car on ne peut pas maitriser un art comme une technique. Il s'agit de déplacer les limites, et là il n'y a pas de fin. Je parle aussi de l'art, car chaque être humain doit trouver l'expression pour soi-même. Au final, il s'agit de faire l'expérience de chaque rencontre au quotidien dans une présence entière.
    - Cet accès a presque une qualité poétique. Contrairement à cela, le yoga comme il est pratiqué dans beaucoup de studios parait grossier, presque violent. Comment peut-on vivre cette finesse et poésie également au-delà du tapis de yoga, dans un monde qui s'accélère de plus en plus et devient même dans de nombreux endroits plus violent?
    - Cela nécessite beaucoup de temps et d'exercice. Nous ne sommes plus habitués, d'être dans le ressenti, nous sommes constamment dans le penser. Quand je ralenti les mouvements de plus en plus et les habite d'instant en instant, je peux revenir dans le ressenti. Cela signifie, nous ne devenons pas lents pour être lents, mais pour rompre des conditionnements. Quand je retrouve cette intimité, cette rencontre, cela devient plus facile, de les transcrire dans des mouvements plus grands et plus rapides, ainsi que dans les mouvements de la vie quotidienne. Quand cette présence est vraiment intégrée, je peux transmettre leur qualité en tous lieux, aussi bien dans le trajet de bus, que dans les courses du supermarché. J'oublie l'image que j'ai des choses, et je vais entièrement dans le ressenti : quelle est par exemple la sensation de la barre du caddy dans mes mains ? Il s'agit d'un déconditionnement de l'habitude de ce qu'est mon corps pour moi et comment je l'utilise au quotidien. Ainsi je peux rester dans l'écoute et dans le ressenti doux, indépendamment de la façon dont je bouge et de ce que je touche à l'instant. Le brut et le grossier existe seulement dans la tête.
    - Aux questions concernant la peur de la perte ou de la mort, tu disais que nous avions tellement peur de la peur que nous ne faisions pas face à la vraie rencontre avec elle. A quoi ressemble une vraie rencontre avec la peur ?
    - Cette rencontre a lieu, quand nous sortons de la pensée de la peur et que nous plongeons dans le ressenti véritable. Quand j'enlève le mot "peur" et toute la croyance derrière, qu'est-ce qui reste? C'est là que j'arrive à une découverte véritable et réelle. Quand je rencontre la peur de façon organique, quand je suis dans un vrai contact avec elle – et cela peut être très intense – tout d'un coup il n'y a plus de peur. Chaque émotion, donc aussi la peur, est une vague de ressenti. Une vague vient et s'en va. Nous lâchons l'aspect psychologique de l'émotion avec toute son histoire et nous nous rendons disponibles à son aspect vibratoire, au ressenti véritable. Nous donnons de l'espace à la vague de la peur, pour qu'elle puisse se mouvoir dans son rythme naturel. C'est le yoga des émotions.
    - On dit que l'amour était l'opposé de la peur. Est-ce vrai, ou est-ce que l'amour total dont tu parles inclue également la peur?
    - L'amour est la même chose que la totalité. Elle contient tout, toutes les pensées, toutes les formes et toutes les émotions – aussi la peur. Si je ne refuse pas la peur, mais que je la permets, que je la sens vraiment, quand je la laisse vivre en moi, alors je trouve la qualité de l'amour absolue, alors je trouve la source. Toute émotion est comme une porte, une chance, de retourner trouver l'amour absolu. Mais cet amour n'est pas un mot, ni un concept, pas une idéologie, ni une croyance. Il est quelque chose, dont on doit faire l'expérience de façon organique.
    - Est-ce que l'amour absolu est autre chose que la sensation de l'amour que nous éprouvons pour une autre personne?
    - La Source est l'amour absolu, mais il peut également s'exprimer en forme d'amour personnel. Il n'y a pas de contraire ou d'opposition. Quand je parle de l'amour en tant que totalité, alors je pense aux deux : l'amour sans forme, mais aussi l'amour qui prend une forme et qui passe à travers le canal d'une personne. Il n'y a pas de mal d'aimer quelqu'un personnellement. Mais quand j'aime quelqu'un trop personnellement, surviennent contraction, crispation et peur de perte. Ce besoin d'amour personnel nous enferme rapidement. Au contraire, si je donne de l'espace à l'amour et que je ne le vis pas que par cette seule personne, alors cette personne aussi reçoit plus d'espace, et l'amour devient plus grand et plus large.
    - Dans un entretien tu disais que tu te trouvais dans un voyage sans fin. Tu décris que le cœur était une abime sans fond, et que dans son essence on pouvait mourir toujours plus. Est-ce que cela signifie qu'il n'y a pas d'éveil définitif à partir duquel on arrête de souffrir et qu'on voit le monde à partir de sa vraie beauté?
    - On ne pourra jamais simplement effacer la souffrance. Mais mourir toujours plus, veut dire se dissoudre dans un "je ne sais pas". Tout ce que la vie nous montre, est exactement ce dont nous avons besoin pour nous libérer des illusions qui nous rendent malheureux. Nous mourrons en vue du mensonge que nous aurions besoin d'autre chose que ce qui est déjà là, pour être heureux. Ce mourir permanent de la personne doit avoir lieu au niveau cellulaire. Il s'agit au final d'une déprogrammation du cerveau. La mort de la personne est synonyme de la reconnaissance que tu es l'Absolu. Cette reconnaissance est sans fin, car l'Absolu est sans fin. Tu ne vas jamais pouvoir dire: "Maintenant je l'ai !" S'éveiller signifie ouvrir une porte – mais le voyage sans fin ne fera que commencer. Ce n'est pas le chemin d'une personne, mais un mouvement vers l'Absolu.
    - Dans différents scènes et livres spirituels, il est dit que nous les humains, pourrions et devrions devenir des créateurs. Est-ce à l'opposé de ce que tu enseigne – notamment de simplement écouter et d'aller d'instant en instant avec la vie, comme elle se montre, sans résister ?
    - Quand tu ouvre la porte vers l'Absolu, tu te rends compte, qu'il n'y a pas de personne qui pourrait créer quelque chose. Il y a seulement un seul créateur – tu peux l'appeler comme tu veux : Conscience, Shiva, Dieu, Amour. Le plus tu te libères de l'idée d'être quelqu'un, le plus ce créateur universel peut se montrer à travers toi. Alors tu fais l'expérience, que quelque chose te pénètre, quelque chose qui incarne cet aspect universel et créateur. Le plus tu te libère de toi-même, le plus la création peut se déployer en toute beauté à travers toi.
    - Tu as été initiée dans le Shivaïsme du Cachemire, une tradition ancestrale tantrique. Y'a-t-il un moment, où on arrête de suivre les enseignements et où on écoute uniquement la sagesse de son cœur ?
    - Au début on a besoin de la rencontre avec un Maitre – il est celui qui transmets l'Absolu. Mais une fois que tu as touché l'Absolu toi-même, tu n'as plus besoin de transmetteur. Alors l'information vient par voie directe vers toi.
    Tout ce que je propose dans mon enseignement, vient d'une expérience directe. Ce n'est ni un savoir ni une philosophie – j'essaye de transmettre ce que je vis. Pour moi c'est important que rien de tout ce que j'enseigne ne se transforme en quelque chose de conceptuelle, en une idéologie. J'invite mes élèves, à essayer tout par eux-mêmes et de plonger dans l'expérience directe de l'essentiel, au lieu de croire en quelque chose.
    - Tu as suivie la voie de l'illumination quand tu étais pleinement dans la vie : tu étais dans une relation, tu avais un métier exigent dans la branche publicitaire et une fille. Comment as-tu trouvé le temps pour la pratique de la méditation ?
    - Dans mon quotidien il n'y avait pratiquement pas de temps pour une pratique formelle. Il y avait une période où je voulais quitter ma fille, pour me retirer et me consacrer à une voie spirituelle – mais mon maitre me l'a strictement interdit. Il disait que ma fille et mon quotidien étaient ma pratique. Alors j'ai fait 30, 40 fois par jour une micro-pratique : arrêter, prendre quelques respirations conscientes, sentir le sol sous les pieds et le ciel sur la tête. Les exigences du quotidien étaient des maitres inexorables. Chaque difficulté me montre, que je ne suis pas libre, que je veux que la réalité soit autrement qu'elle est. Dès que je peux arrêter de me battre contre la réalité, je suis libre. Nous cherchons l'illumination dans le dernier recoin de l'Himalaya, alors qu'elle nous attend dans notre propre cuisine.
    - Tu n'es pas qu'un enseignant spirituel, mais aussi peintre. Tu dis, la créativité était une célébration de l'instant et de la vitalité et qu'elle nous sort du désir de vouloir posséder et de contrôler. Est-ce que cela signifie que l'art peut nous rapprocher de l'éveil?
    - Je me sers de mes peintures, pour exprimer ce que j'enseigne. De cette façon les gens reçoivent la possibilité de faire l'expérience du gout du silence à travers la contemplation des peintures. Mais cela dépend de la façon comment on regarde. Certains humains sont directement touchés dans leur être à travers une œuvre d'art, d'autres sont touchés par des ressentis corporels ou par la parole. Il n'y a pas de chemin qui soit meilleur, plus simple ou plus facile."

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